Dernière minute : Hassan Rohani, le candidat soutenu par les courants modérés et réformateurs iraniens a officiellement été élu Président de la République islamique dès le premier tour de l'élection. Selon les chiffres définitifs communiqués par le ministre de l'Intérieur Mostapha Mohammad Najjar, il a obtenu 18,6 millions de voix, soit la majorité absolue (50,68%).
D'après les premiers résultats partiels communiqués dans la nuit de vendredi à samedi, il n'est pas exclu que le candidat le plus modéré à l'élection présidentielle iranienne, Hassan Rohani, soit élu dès le premier tour de scrutin. Sur la base des dépouillements de 18% des bureaux de vote, il arrive en tout cas largement en tête avec une avance très confortable sur trois autres aspirants du camp conservateur.
Des résultats a priori sans appel
Contrairement aux dernières présidentielles entachées de soupçons de fraudes, les autorités se sont gardées de proclamer les résultats le soir même et n'ont pas même communiqué le taux de participation des plus de 50 millions d'électeurs qui étaient appelés aux urnes. D'après la presse quasi unanime et les autorités locales, la mobilisation a été massive, de l'ordre de 70%. De son côté le Conseil des gardiens de la Constitution, en charge du contrôle des opérations de vote, a souligné qu'aucune irrégularité n'avait été rapportée.
Peu avant six heures du matin à Téhéran, un responsable du ministère de l'Intérieur a annoncé à la télévision d'Etat que M. Rohmani, à qui s'étaient finalement ralliés l'ensemble des modérés et des réformateurs, obtenait 52% des suffrages sur 5,2 millions de bulletins valides dépouillés dans 18% des bureaux de vote, de "toutes les villes et les provinces, Téhéran inclus". Parmi ses adversaires, le maire de la capitale, Mohammad Bagher Ghalibaf, n'a recueilli que 17% des voix, le chef des négociateurs nucléaires Saïd Jalili 13% et l'ancien commandant des Gardiens de la Révolution, les forces d'élite du régime, Mohsen Rezaïe autour de 10%. Encore plus loin, l'ex-chef de la diplomatie Ali Akbar Velayati et l'ex-ministre du Pétrole et des Télécommunications Mohammad Gharazi apparaissent, quoi qu'il advienne, hors course.
Une victoire sur l'abstention
Dès hier soir, M. Rohmani a publié un communiqué remerciant son électorat de s'être mobilisé pour "créer cette merveille". "Cette participation et l'unité aideront l'Iran à prendre une nouvelle voie", a-t-il estimé. De même le quotidien réformateur Arman a salué le peuple qui a "fait son travail", patientant dans les longues files d'attente devant les bureaux de vote qui n'ont fermé qu'à 22h du fait de l'affluence et même 23h à Téhéran.
Les états-majors des six hommes en lice avaient demandé à leurs partisans "d'éviter tout rassemblement avant l'annonce des résultats officiels". Ceux-ci ont été égrenés tout au long de la nuit, indiquant tous la même tendance, de sorte qu'au petit matin, M. Rohmani a écrit sur Twitter : "Les nouvelles vont tomber au goutte à goutte jusqu'à midi. De bonnes nouvelles, insh'allah". Pour lui, l'enjeu était de mobiliser le camp réformateur parmi lesquels beaucoup d'électeurs qui avaient manifesté en 2009 après la réélection contestée de Mahmoud Ahmadinejad et risquaient de bouder un scrutin jugé truqué.
Fort du retrait du seul candidat réformateur Mohammad Reza Aref et du soutien des anciens présidents Akbar Hachémi Rafsandjani et Mohammad Khatami, son pari semble en passe d'être réussi. Il faut dire que les conservateurs se sont présentés en ordre très dispersé. Hostiles à toute "concession" à l'occident, notamment sur le dossier nucléaire, Mohammad Bagher Ghalibaf et Saïd Jalili qui incarnent l'aile dure du régime et la ligne du guide suprême Ali Khamenei espéraient que le peuple exprimerait son soutien au pouvoir en place contre ses "ennemis".
Peu de prise sur les dossiers sensibles
Pour une large majorité des électeurs, la préoccupation était cependant bien plus d'ordre économique. Sur fond de sanctions internationales, le pays connaît une grave crise marquée par une flambée du chômage, une inflation de plus de 30% et une dépréciation d'environ 70% du rial iranien.
Hassan Rohani, 64 ans, qui s'est choisi pour emblème une clé censée ouvrir la porte à des solutions pour le pays, prône une plus grande souplesse dans les relations avec les grandes puissances en vue d'un allègement des sanctions qui frappent l'Iran, soupçonné de vouloir se doter de l'arme atomique sous couvert de son programme nucléaire civil.
Le fait est que quand bien même M. Rohani, qui a mené les négociations sur le dossier nucléaire entre 2003 et 2005, serait élu avec une avance confortable, il ne serait constitutionnellement que la deuxième figure de l'Etat, avec peu de prise sur les dossiers stratégiques sous l'autorité directe du guide suprême iranien