Les Iraniens en finissent avec l'ère Ahmadinejad
En huit ans, l'imprévisible président a provoqué l'isolement international de l'Iran et la faillite de son économie.
La scène se passe quelques jours après la victoire contestée de Mahmoud Ahmadinejad à la présidentielle de 2009: le vainqueur s'avance pour embrasser le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, qui recule froidement.
Provocateur, imprévisible, démagogue, le raïs sortant est d'abord un populiste qui a conduit son pays à l'impasse. Celui qui avait juré «d'amener l'argent du pétrole à la table des Iraniens» a échoué. Leur niveau de vie a chuté. L'inflation atteint 60%. Le chômage augmente vertigineusement et l'économie de ce pays riche en hydrocarbures se retrouve isolée du reste du monde, en raison des sanctions imposées par la communauté internationale, qui reproche à l'Iran de préparer la bombe à des fins militaires. La priorité du prochain président? «Améliorer notre économie», répètent de nombreux Iraniens, interrogés vendredi dans les bureaux de vote.
Quel qu'il soit, le nouveau raïs aura à cœur de ramener un peu de stabilité au sommet d'un État malmené par les huit années de présidence Ahmadinejad. «À partir du moment où son programme prévoyait de rétablir la pureté des premiers temps de la révolution et de lutter contre la corruption, il était évident qu'il allait heurter des membres de l'establishment», analyse l'ancien ambassadeur de France à Téhéran, François Nicoullaud.
Après sa première élection en 2005, «Nejad», comme on l'appelle familièrement en Iran, commence par purger les administrations pour placer ses hommes - loyaux, mais pas toujours compétents. Le bouillant président n'hésite pas à affronter le clergé, un des principaux piliers du régime islamique, même s'il est en déclin 34 ans après la chute du chah. Mais il va trop loin dans sa quête de pouvoirs. Aujourd'hui, beaucoup veulent sa tête au sein d'une classe politique où tous les coups sont permis. Ahmadinejad est à couteaux tirés avec le maire de Téhéran et candidat à la présidentielle, Mohammad Ghalibaf, mais aussi avec le président du Parlement, Ali Larijani, qui convoqua - pour la première fois dans l'histoire de la République islamique - le chef de l'État pour s'expliquer sur sa politique et sa loyauté envers le guide. En octobre dernier, la justice lui interdit même de rendre visite à son porte-parole, Ali Akbar Javanfekr, emprisonné à Evin pour avoir insulté Ali Khamenei. Du jamais-vu, là encore.
Alors que son pays est accusé d'emprisonner opposants, journalistes et blogueurs, Ahmadinejad parade lors de ses visites annuelles à l'Assemblée générale de l'ONU, chez le «grand satan» américain à New York. Mais derrière les bravades, il y a aussi le réaliste. Quand le président passe consigne à son négociateur nucléaire de céder aux Occidentaux à Vienne en 2009, avant d'être désavoué par le guide. Ou quand il désubventionne l'essence, un geste salué par le très libéral Fonds monétaire international. L'ancien bassidj est un adepte d'une secte, les hodjatieh, qui prévoit le retour du Mahdi, l'imam caché. «Il y a toujours à sa table un couvert en cas d'arrivée inopiné du religieux», assure un diplomate.
Ses diatribes anti-israéliennes ont largement contribué à l'isolement de son pays. L'homme est insaisissable. Ahmadinejad tient un discours négationniste, mais son ami, Rahim Machaie, qu'il prépare à sa succession, affirme, lui, que les Iraniens n'ont rien contre le peuple israélien. Si, sur le plan des mœurs, le président sortant n'a pas durci le contrôle sur la société, en revanche ses embardées ont fini par coûter à Machaie d'être recalé de cette présidentielle par le conseil des gardiens de la Constitution. Mais, contrairement à l'ancien président Hachemi Rafsandjani, lui aussi éliminé, Nejad n'a pas été humilié.
Provocateur, imprévisible, démagogue, le raïs sortant est d'abord un populiste qui a conduit son pays à l'impasse. Celui qui avait juré «d'amener l'argent du pétrole à la table des Iraniens» a échoué. Leur niveau de vie a chuté. L'inflation atteint 60%. Le chômage augmente vertigineusement et l'économie de ce pays riche en hydrocarbures se retrouve isolée du reste du monde, en raison des sanctions imposées par la communauté internationale, qui reproche à l'Iran de préparer la bombe à des fins militaires. La priorité du prochain président? «Améliorer notre économie», répètent de nombreux Iraniens, interrogés vendredi dans les bureaux de vote.
Quel qu'il soit, le nouveau raïs aura à cœur de ramener un peu de stabilité au sommet d'un État malmené par les huit années de présidence Ahmadinejad. «À partir du moment où son programme prévoyait de rétablir la pureté des premiers temps de la révolution et de lutter contre la corruption, il était évident qu'il allait heurter des membres de l'establishment», analyse l'ancien ambassadeur de France à Téhéran, François Nicoullaud.
Après sa première élection en 2005, «Nejad», comme on l'appelle familièrement en Iran, commence par purger les administrations pour placer ses hommes - loyaux, mais pas toujours compétents. Le bouillant président n'hésite pas à affronter le clergé, un des principaux piliers du régime islamique, même s'il est en déclin 34 ans après la chute du chah. Mais il va trop loin dans sa quête de pouvoirs. Aujourd'hui, beaucoup veulent sa tête au sein d'une classe politique où tous les coups sont permis. Ahmadinejad est à couteaux tirés avec le maire de Téhéran et candidat à la présidentielle, Mohammad Ghalibaf, mais aussi avec le président du Parlement, Ali Larijani, qui convoqua - pour la première fois dans l'histoire de la République islamique - le chef de l'État pour s'expliquer sur sa politique et sa loyauté envers le guide. En octobre dernier, la justice lui interdit même de rendre visite à son porte-parole, Ali Akbar Javanfekr, emprisonné à Evin pour avoir insulté Ali Khamenei. Du jamais-vu, là encore.
En attendant l'imam caché
Inquiets de ses ambitions, certains n'ont pas hésité à parler de coup de force à l'intérieur d'un État caractérisé par la multiplicité des centres de pouvoirs qu'Ahmadinejad entend drastiquement restreindre. Pour conserver les faveurs des pauvres, il distribue des aides, quitte à faire marcher la planche à billets et à alimenter l'inflation. Pour s'attirer les bonnes grâces des tout-puissants gardiens de la révolution - corps dont il n'est pas issu -, il initie une politique de privatisation qui leur a largement bénéficié. Une privatisation en trompe l'œil, qui fait passer des pans entiers de l'économie du giron étatique à celui des pasdarans, arbitres désormais incontournables de toute orientation que le pouvoir iranien voudrait prendre.Alors que son pays est accusé d'emprisonner opposants, journalistes et blogueurs, Ahmadinejad parade lors de ses visites annuelles à l'Assemblée générale de l'ONU, chez le «grand satan» américain à New York. Mais derrière les bravades, il y a aussi le réaliste. Quand le président passe consigne à son négociateur nucléaire de céder aux Occidentaux à Vienne en 2009, avant d'être désavoué par le guide. Ou quand il désubventionne l'essence, un geste salué par le très libéral Fonds monétaire international. L'ancien bassidj est un adepte d'une secte, les hodjatieh, qui prévoit le retour du Mahdi, l'imam caché. «Il y a toujours à sa table un couvert en cas d'arrivée inopiné du religieux», assure un diplomate.
Ses diatribes anti-israéliennes ont largement contribué à l'isolement de son pays. L'homme est insaisissable. Ahmadinejad tient un discours négationniste, mais son ami, Rahim Machaie, qu'il prépare à sa succession, affirme, lui, que les Iraniens n'ont rien contre le peuple israélien. Si, sur le plan des mœurs, le président sortant n'a pas durci le contrôle sur la société, en revanche ses embardées ont fini par coûter à Machaie d'être recalé de cette présidentielle par le conseil des gardiens de la Constitution. Mais, contrairement à l'ancien président Hachemi Rafsandjani, lui aussi éliminé, Nejad n'a pas été humilié.
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