dimanche 16 juin 2013

Le modéré Hassan Rohani élu président de la République de l'Iran


                                          
Le modéré Hassan Rohani élu président de la République de l'Iran
Le plus modéré des candidats à l’élection présidentielle a obtenu 50,8 % des voix au premier tour de l’élection présidentielle          

Hassan Rohani, le 24 avril 2006 à Téhéran.
Hassan Rohani, le 24 avril 2006 à Téhéran.
ATTA KENARE/AP
Hassan Rohani, le 24 avril 2006 à Téhéran.
ATTA KENARE/AP

Hassan Rohani, le 24 avril 2006 à Téhéran.

Malgré l’échec des candidats conservateurs qu’il soutenait, le guide suprême Ali Khamenei estime que la forte participation démontre la « confiance des Iraniens dans les institutions »

Avec cet article
Hassan Rohani, le plus modéré des candidats, est le nouvel homme fort de l'Iran. Il a été élu dès le premier tour, samedi 15 juin, lors du premier tour de l'élection présidentielle, selon des résultats officiels. Il a obtenu 50,68% des voix. Ce religieux est connu pour sa très grande modération dans son discours.
Agé de 64 ans, il est principalement connu en Occident pour avoir été responsable des négociations sur le dossier nucléaire de Téhéran sous la présidence du réformateur Mohammad Khatami entre 1997 et 2005. C'est à cette période qu'il a gagné son surnom de "cheikh diplomate". C'est ainsi qu'en 2003, lors de négociations avec Paris, Londres et Berlin, il avait accepté la suspension de l'enrichissement d'uranium et l'application du protocole additionnel au Traité de non-prolifération (TNP), permettant des inspections inopinées des installations nucléaires iraniennes.
Député entre 1980 et 2000, il a aussi un long passé de responsable politique en Iran. Il a ensuite été membre de l'Assemblée des experts, instance chargée de superviser le travail du guide suprême Ali Khamenei. Il est toujours représentant de l'ayatollah Khamenei au sein du Conseil suprême de la sécurité nationale.
Près de 51 % des voix
D'après ce décompte partiel (76 % des bureaux de vote) annoncé samedi 15 juin en début d’après-midi par le ministère de l'Intérieur, Hassan Rohani, 64 ans, un proche de l'ancien président Akbar Hachémi-Rafsandjani, a obtenu 14,2 millions de voix, soit 50,8 % des suffrages après le dépouillement de 27,6 millions de bulletins.
Il devance largement trois conservateurs : le maire de Téhéran Mohammad Bagher Ghalibaf (15,6 %), l'ex-commandant des Gardiens de la Révolution, l'armée d'élite du régime, Mohsen Rezaïe (11,3 %) et le chef des négociateurs nucléaires Saïd Jalili (11,4%). Les deux autres candidats, l'ex-chef de la diplomatie Ali Akbar Velayati et Mohammad Gharazi, sont encore plus loin derrière.
Aucune irrégularité n'a été constatée, a précisé le Conseil des gardiens de la Constitution, qui supervise le scrutin. Un deuxième tour est prévu le 21 juin si, finalement, le candidat en tête n'obtenait pas plus de 50% des voix. Les résultats complets doivent être connus samedi 15 juin dans la soirée.
Le ministère de l’intérieur n'a donné aucun chiffre de participation au scrutin, mais il devrait se situer entre 70% et 80 % en raison de la forte mobilisation des Iraniens dont plus de 50,5 millions étaient appelés aux urnes. Toute la journée de vendredi 14 juin, les électeurs ont longuement patienté dans les files formées devant les bureaux de vote. En raison de l’affluence, les opérations ont été prolongées de plusieurs heures, des bureaux de vote fermant avec cinq heures de retard.

Pas de rupture en vue dans la politique étrangère

 

Représentant de l'ayatollah Khamenei au sein du Conseil suprême de la sécurité nationale, Hassan Rohani a bénéficié du désistement du candidat réformateur Mohammad Reza Aref et de l'appui du chef des réformateurs Mohammad Khatami.
Il prône plus de souplesse dans le dialogue avec l'Occident, pour alléger les sanctions, des négociations qu'il avait dirigées entre 2003 et 2005 sous la présidence Khatami (1997-2005). Durant la campagne, il a évoqué de possibles discussions directes avec les Etats-Unis, ennemi historique de l'Iran .
Saïd Jalili, membre de l'aile dure du régime, ou Mohammad Bagher Ghalibaf refusent, eux, toute "concession".
Une éventuelle victoire du candidat soutenu par les courants modéré et réformateur ne marquera toutefois pas une rupture dans la politique de la République islamique, les dossiers stratégiques comme le nucléaire ou les relations internationales étant sous l'autorité directe du guide suprême Ali Khamenei.
Selon la Constitution, le président est le deuxième personnage de l'Etat et ses capacités d'action sont donc limitées sur les dossiers stratégiques, tel le nucléaire.
De plus, Hassan Rohani, s'il est élu, devra également composer avec les frères Ali et Sadegh Larijani, deux conservateurs à la tête respectivement du Parlement et de l'Autorité judiciaire.

Une crise économique sévère

Cette élection intervient sur fond de grave crise économique due aux sanctions internationales imposées à l'Iran en raison de son programme nucléaire controversé -malgré ses démentis, l’Iran est soupçonné de vouloir se doter de l'arme atomique-  et quatre ans après la victoire contestée dans la rue du conservateur Mahmoud Ahmadinejad.
En 2009, l'annonce de la réélection de M. Ahmadinejad dès le premier tour avait provoqué des heurts entre police et partisans des candidats réformateurs malheureux, Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, et des semaines de manifestations de masse dénonçant des fraudes massives. La contestation avait alors été sévèrement réprimée et les deux ex-candidats sont en résidence surveillée depuis 2011.
Pour le camp réformateur, l'enjeu du scrutin de vendredi était de mobiliser ceux qui avaient manifesté contre la réélection de M. Ahmadinejad puis juré de ne plus participer à un scrutin qu'ils estimaient joué d'avance. Pour les conservateurs, il s'agissait de montrer que le peuple soutenait le régime face à ses "ennemis".
Mais la majorité des électeurs partageait la même préoccupation : la crise économique qui se traduit par une hausse du chômage, une inflation supérieure à 30% et une dépréciation du rial de près de 70%.

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