L'Iran tourne la page Mahmoud Ahmadinejad
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Alors que le scrutin présidentiel s’est ouvert ce vendredi en Iran, le paysage politique est toujours aussi morne. Certes, parmi les huit candidats qui avaient obtenu l’aval des redoutables Gardiens de la révolution, il n’en reste plus que six. Deux d’entre eux ont préféré jeter l’éponge avant le combat sans que l’on sache vraiment s’il s’agit d’un abandon technique ou tactique.
Partisans de "l'ouverture"
Parmi les candidats, certains se disent conservateurs, d’autres modérés et d’autres encore réformateurs. De fait, quelques différences séparent ces impétrants. Mais dans le fond, tous ne pensent l’avenir de l’Iran qu’au travers de la République islamique. Pourtant, depuis 1979, date de la révolution iranienne, plusieurs présidents ont été élus, couvrant pratiquement l’éventail de ce qui est autorisé. Et pourtant, rien n’a fondamentalement changé même si, au temps par exemple du réformateur Mohammad Khatami, l’étau idéologico-religieux s’était en partie desserré. Même si la libéralisation de l’économie et le rapprochement avec les États-Unis avaient marqué la présidence d’Ali Akbar Hachemi Rafsandjani, grand producteur de pistaches adoubé par les Occidentaux. L’ancien président Mohammad Khatami a apporté son soutien à Hassan Rohani, unique candidat modéré restant en lice après le retrait de Mohammad Reza Aref. Ce dernier dit avoir renoncé à se présenter à la demande de Khatami, qui jugeait le maintien de sa candidature inopportun. En apportant son soutien à Hassan Rohani, ex-négociateur du dossier nucléaire, Mohammad Khatami cherche clairement à rassembler les suffrages des partisans de « l’ouverture » à l’occasion d’un scrutin qui fait la part belle aux conservateurs fidèles à l’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la révolution islamique.
Durant cette campagne, qui s'est déroulée sans grande surprise, les candidats, conscients des préoccupations économiques et sociales des Iraniens, ont pratiquement tous tapé sur le président sortant, Mahmoud Ahmadinejad, qui, après deux mandats, ne peut plus se présenter. L’inflation atteint 30 % par an, les revenus pétroliers ont quasiment diminué de moitié en 2012, et les banques iraniennes sont en grande partie coupées des circuits financiers internationaux, ce qui perturbe les échanges commerciaux.
Khamenei redoute un soulèvement populaire
Mais le plus étonnant est que la plupart ont préféré minimiser les effets des sanctions internationales contre l’Iran. « Les sanctions sont seulement responsables de 30 % de l’inflation, pour les 70 % restants, c’est la mauvaise gestion du pays qui est en cause », a déclaré Mohsen Rezaï, l’un des cinq candidats conservateurs. L’actuel maire conservateur de Téhéran, Mohammad Bagher Ghalibaf, abonde dans ce sens. « Je ne dis pas que les sanctions n’ont pas créé de problème (…). Mais elles ne sont pas la cause de la situation actuelle, due à la mauvaise gestion du gouvernement », a- t-il déclaré. Ahmadinejad a, lui, défendu son bilan : « Durant mes gouvernements, 30 projets stratégiques, notamment l’envoi dans l’espace d’un satellite ou les progrès dans le programme nucléaire, ont été réalisés. »
Pour le guide suprême, Ali Khamenei, véritable patron du pays, l’enjeu est double : placer un de ses proches à la présidence et éviter de se trouver confronter à un soulèvement comparable à celui qui avait suivi l’élection d’Ahmadinejad en 2009. Il a été violemment réprimée et les deux candidats d’alors, Mir-Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, dont les partisans ont été largement marginalisés, sont assignés à résidence depuis deux ans.
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