mardi 2 octobre 2012

Le rial glisse et savonne la planche au gouvernement iranien

Le Monde.fr avec AFP et Reuters | • Mis à jour le
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En un an, depuis l'adoption de sanctions pétrolières et bancaires renforcées par la communauté internationale face au programme nucléaire controversé de Téhéran, le rial a perdu plus de 80 % de sa valeur.
En un an, depuis l'adoption de sanctions pétrolières et bancaires renforcées par la communauté internationale face au programme nucléaire controversé de Téhéran, le rial a perdu plus de 80 % de sa valeur. | AFP/ATTA KENARE

Une longue glissade sur le marché des changes. La monnaie iranienne a poursuivi mardi 2 octobre sa chute face au dollar, une tendance imputée par le gouvernement à des spéculateurs. Lundi, le mouvement du rial s'était emballé avec une chute d'environ 17 % en une journée, celui-ci atteignant son niveau historique le plus bas, selon l'AFP.

Le rial a perdu encore au moins 9 % mardi, à 37 500 rials pour un dollar contre 34 200 la veille au soir, a déclaré à Reuters un cambiste de Téhéran. D'autres traders de devises ont fait état d'une baisse plus marquée, entre 38 000 et 40 000 rials pour un dollar.

Parallèlement au taux variable du marché libre, l'Iran maintient un taux officiel, en principe réservé à l'importation de produits de première nécessité ou essentiels pour l'économie, et accessible seulement aux administrations d'Etat et à quelques entreprises privilégiées. Ce taux bancaire fixe tourne lui aux alentours de 12 000 rials pour un dollar, après un très net décrochage en février.
Après un net décrochage en février à la suite de sanctions américaines, le taux bancaire fixe s'est stabilisé au-dessus des 12 000 rials.
Après un net décrochage en février à la suite de sanctions américaines, le taux bancaire fixe s'est stabilisé au-dessus des 12 000 rials. | Bloomberg

Mais cette fixation d'un taux de change n'a semble-t-il pas suffi. Le gouvernement a alors ouvert un "bureau de change" censé stabiliser le rial en fournissant des dollars – à un prix inférieur au prix du marché – aux importateurs.
Ces derniers sont en effet en difficulté, les Etats-Unis et l'Union européenne ayant renforcé leurs sanctions en raison du programme nucléaire iranien. Ces sanctions pénalisent fortement le secteur pétrolier, essentiel pour les exportations de la République islamique, et excluent quasiment le pays du système bancaire international.
Résultat, la monnaie iranienne a cédé environ un tiers de sa valeur en à peine plus d'une semaine. L'ouverture du "bureau de change", au lieu de stabiliser la devise, a renforcé la demande de dollars et rapproché le taux de change de celui pratiqué sur le marché.
CRITIQUE DU PRÉSIDENT
Le ministre de l'industrie, des mines et du commerce, Mehdi Ghazanfari, s'est voulu rassurant. "Nous nous attendons grandement à ce que les services de sécurité maîtrisent les sources de ces perturbations sur le marché des changes", a-t-il déclaré, cité par l'agence de presse Fars. Il n'en a pas dit davantage sur l'identité des spéculateurs ni sur la manière dont les autorités pourraient les contrôler.
Le rial se déprécie depuis plus d'un an et a perdu depuis juin 2011 les deux tiers de sa valeur. Cette crise de la monnaie alimente les critiques au Parlement contre le président Mahmoud Ahmadinejad, accusé d'atermoiements et d'incompétence.
Mehdi Mohammadi, une figure proche du Conseil suprême de la sécurité nationale, en charge du dossier nucléaire, l'a mis en cause dans un éditorial publié par le quotidien Vatan Emrouz : "Est-ce que la situation du marché de devises est due aux sanctions ? Non ce n'est pas le cas et ce n'est pas comme si les revenus en devises n'étaient pas suffisants pour répondre aux besoins du pays."
"Le problème n'est pas un manque de devises. Le problème vient de la gestion de l'exécutif qui est le principal fournisseur de devises sur le marché [...] et d'un climat psychologique créé pour que les gens qui n'ont jamais vu un dollar soient poussés à penser qu'il faut tout vendre pour acheter des dollars", a-t-il ajouté.
AMINCISSEMENT DES RÉSERVES EN DEVISES
Hors du pays, certains analystes jugent que les réserves en devises étrangères de l'Iran ont commencé à diminuer, ce qui pourrait compliquer le financement

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