Rédigé par Option Cinéma Lycée Renoir - Le Jeudi 23 Mai 2013 à 11:48
Le passé bouleverse le présent, dans le premier film français du réalisateur iranien Asghar Farhadi.
Marie (Bérénice Béjo), entre son ex-mari (Ali Mossaffa) et son compagnon (Tahar Rahim) mais aucun ne se regarde en face...
Après le film Une séparation qui l'a fait reconnaître mondialement, Asghar Farhadi revient avec Le passé , en compétition au festival de Cannes 2013. Il met en scène un trio bouleversant d'acteurs : Bérénice Béjo, Tahar Rahim et Ali Mossaffa.
Asghar Farhadi nous présente une famille rongée par un passé qui refait surface peu à peu : des secrets enfouis surgissent après avoir longtemps été tus. Le passé est un film policier, amoureux et familial, entouré de tensions et de non-dits qui font qu'un détail peut provoquer une série de dommages. Entre tensions et révélations, entre mensonges et vérités, la famille est à l'épreuve et va devoir faire face au présent pour effacer le passé.
Bérénice Béjo qui joue le rôle de Marie est maman de deux filles, son ex-mari Ahmad vient à Paris pour s'occuper des formalités de leur divorce, alors qu'elle est en couple et enceinte d'un autre homme, qui, lui, a une femme dans le coma pour avoir tenté de se suicider. L'une des deux filles jouée par Pauline Burlet, est en pleine crise d'adolescence et vit une relation conflictuelle avec sa mère. Son ex-mari arrive en plein dans une famille au bord de la crise de nerf, il doit gérer cette crise menaçante et il veut améliorer la relation entre la mère et la fille. Tout cela va déclencher un crescendo de révélations et de coups de théâtre.
Chaque personnage recherche la vérité du passé, et tous les secrets présents dans cette atmosphère sous tension implosent les uns dans les autres. Dans ce mal-être constant les personnages explosent de leurs rancœurs et de leur regrets accumulés.
Le réalisateur montre que le passé doit être balayé, enfin élucidé, comme le laissent entendre les essuie-glaces qui balayent le titre du film. Il montre aussi que le silence ronge le présent et que pour dévoiler le passé, il faut savoir briser ces lourds silences. Il le traduit ainsi, dans les premières minutes du film, lorsqu'un dialogue sourd est brisé par la pluie tombante. Tout dans le cinéma d'Asghar Farhadi est en corrélation avec le sujet, fait signe.
En effet les différents décors ont un rapport direct avec le message qu'il veut faire passer : le pressing met en évidence l'idée de laver le passé et la pharmacie montre qu'il faut soigner le passé qui ronge les êtres de cette famille. Chaque détail est travaillé pour exprimer une idée, implicitement. Ainsi, le déclenchement des nombreuses péripéties et de la cassure dans la famille est amenée par l'arrivée de la valise d'Ahmad ; une valise abîmée, cassée. De même, le réalisateur nous place dans une maison en travaux : une famille qui ne peut se reformer à son goût à cause de travaux jamais terminés, ou encore un présent bouché par le passé comme l'évier de la cuisine. Et cette progression vers un présent simple qui paraît impossible est aussi traduite par le mauvais temps et les lumières naturelles mais froides que Farhadi utilise.
D'autre part, Farhadi joue avec la sincérité et le jeu très naturel de ces personnages. Malgré la barrière de la langue, il a su montrer une certaine authenticité et sincérité. Il joue avec l'émotion à l'aide de gros plans sur ses personnages et avec une mise en scène théâtrale, d'ailleurs Bérénice Béjo dit que c'est le seul film pour lequel elle a participé à des répétitions : le réalisateur voulait pouvoir améliorer chaque détail de son film et chaque expression des acteurs.
Trois acteurs adultes occupent l'image, mais des enfants manifestent une présence importante dans ce film. Ils sont souvent témoins des conflits adultes, ils les subissent et en sont perturbés. Ils se mêlent des histoires de leurs parents et en sont rongés aussi. Asghar Farhadi attire l'attention sur l'innocence des enfants qui prennent de plein fouet les méandres des relations adultes.
Enfin le film se finit sur un présent désormais clair, avec un plan séquence, le réalisateur nous mène à l’hôpital où le spectateur rencontre pour la première fois un médecin, qui montre que le passé se soigne peu à peu et qu'il faut savoir l'accepter comme il faut accepter le pronostic du médecin pour un présent plus lucide.
Pour conclure, on perçoit la puissance et la précision des images de Farhadi : il utilise des gros plans raffinés d'une expressivité remarquable. Cependant il laisse une distance constante entre ses personnages grâce à ses plans minutieux. Il sait manier l'image de façon à procurer la juste dose d'émotion au spectateur. Il entre dans l'intimité de ses personnages pour ranimer au plus profond d'eux la moindre sensation ou émotion, ce qui donne au film tout son génie.
Katia.
Asghar Farhadi nous présente une famille rongée par un passé qui refait surface peu à peu : des secrets enfouis surgissent après avoir longtemps été tus. Le passé est un film policier, amoureux et familial, entouré de tensions et de non-dits qui font qu'un détail peut provoquer une série de dommages. Entre tensions et révélations, entre mensonges et vérités, la famille est à l'épreuve et va devoir faire face au présent pour effacer le passé.
Bérénice Béjo qui joue le rôle de Marie est maman de deux filles, son ex-mari Ahmad vient à Paris pour s'occuper des formalités de leur divorce, alors qu'elle est en couple et enceinte d'un autre homme, qui, lui, a une femme dans le coma pour avoir tenté de se suicider. L'une des deux filles jouée par Pauline Burlet, est en pleine crise d'adolescence et vit une relation conflictuelle avec sa mère. Son ex-mari arrive en plein dans une famille au bord de la crise de nerf, il doit gérer cette crise menaçante et il veut améliorer la relation entre la mère et la fille. Tout cela va déclencher un crescendo de révélations et de coups de théâtre.
Chaque personnage recherche la vérité du passé, et tous les secrets présents dans cette atmosphère sous tension implosent les uns dans les autres. Dans ce mal-être constant les personnages explosent de leurs rancœurs et de leur regrets accumulés.
Le réalisateur montre que le passé doit être balayé, enfin élucidé, comme le laissent entendre les essuie-glaces qui balayent le titre du film. Il montre aussi que le silence ronge le présent et que pour dévoiler le passé, il faut savoir briser ces lourds silences. Il le traduit ainsi, dans les premières minutes du film, lorsqu'un dialogue sourd est brisé par la pluie tombante. Tout dans le cinéma d'Asghar Farhadi est en corrélation avec le sujet, fait signe.
En effet les différents décors ont un rapport direct avec le message qu'il veut faire passer : le pressing met en évidence l'idée de laver le passé et la pharmacie montre qu'il faut soigner le passé qui ronge les êtres de cette famille. Chaque détail est travaillé pour exprimer une idée, implicitement. Ainsi, le déclenchement des nombreuses péripéties et de la cassure dans la famille est amenée par l'arrivée de la valise d'Ahmad ; une valise abîmée, cassée. De même, le réalisateur nous place dans une maison en travaux : une famille qui ne peut se reformer à son goût à cause de travaux jamais terminés, ou encore un présent bouché par le passé comme l'évier de la cuisine. Et cette progression vers un présent simple qui paraît impossible est aussi traduite par le mauvais temps et les lumières naturelles mais froides que Farhadi utilise.
D'autre part, Farhadi joue avec la sincérité et le jeu très naturel de ces personnages. Malgré la barrière de la langue, il a su montrer une certaine authenticité et sincérité. Il joue avec l'émotion à l'aide de gros plans sur ses personnages et avec une mise en scène théâtrale, d'ailleurs Bérénice Béjo dit que c'est le seul film pour lequel elle a participé à des répétitions : le réalisateur voulait pouvoir améliorer chaque détail de son film et chaque expression des acteurs.
Trois acteurs adultes occupent l'image, mais des enfants manifestent une présence importante dans ce film. Ils sont souvent témoins des conflits adultes, ils les subissent et en sont perturbés. Ils se mêlent des histoires de leurs parents et en sont rongés aussi. Asghar Farhadi attire l'attention sur l'innocence des enfants qui prennent de plein fouet les méandres des relations adultes.
Enfin le film se finit sur un présent désormais clair, avec un plan séquence, le réalisateur nous mène à l’hôpital où le spectateur rencontre pour la première fois un médecin, qui montre que le passé se soigne peu à peu et qu'il faut savoir l'accepter comme il faut accepter le pronostic du médecin pour un présent plus lucide.
Pour conclure, on perçoit la puissance et la précision des images de Farhadi : il utilise des gros plans raffinés d'une expressivité remarquable. Cependant il laisse une distance constante entre ses personnages grâce à ses plans minutieux. Il sait manier l'image de façon à procurer la juste dose d'émotion au spectateur. Il entre dans l'intimité de ses personnages pour ranimer au plus profond d'eux la moindre sensation ou émotion, ce qui donne au film tout son génie.
Katia.
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